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ÉLECTIONS À LA CHAMBRE D'AGRICULTURE
17.01.2019

LA FNSEA des villes ment aux FDSEA des champs

Fatigués du double discours FDSEA*/FNSEA* ? Nous avons décrypté quelques éléments de discours de la FNSEA*...

La FNSEA* est pour des paysans nombreux et défend toutes les fermes : les 52 premiers hectares …             

Mais surtout pas les petites et les moyennes ! D'ailleurs, Christiane Lambert et Xavier Beulin se sont fermement opposés  à la convergence des aides, à la revalorisation des 52 premiers ha dans la nouvelle PAC* !     La FNSEA* a en effet milité contre le paiement redistributif (surprime des 52 premiers hectares), mesure pour une répartition plus équitable des aides, favorable à l'emploi, à l'élevage et à plus de trois quarts des fermes françaises (y compris plus de la moitié des fermes spécialisées en céréales). Enfin, pour la nouvelle programmation de la PAC*,  le COPA-COGECA, organe européen de la FNSEA* propose de détourner le paiement redistributif de sa vocation initiale de majorer les premiers hectares. En effet, il propose " d'étudier la taille minimale des demandes pour cibler des agriculteurs qui contribuent activement aux dimensions économiques, environnementales et sociales de la durabilité. Ainsi, les paiements redistributifs devraient se concentrer non pas sur le paiement des premiers hectares, mais plutôt sur des exploitations durables et viables".

La FNSEA* s'oppose à l'IAA et aux GMS

Au tout début des États généraux de  l'alimentation, la FNSEA* a signé avec Coop de France,            l'association nationale de l'industrie agroalimentaire (ANIA) et la  fédération de la grande distribution (FCD), une contribution commune sur les relations commerciales agricoles, meilleur moyen pour que rien ne change fondamentalement. Leur logique filière a rendu les paysan.ne.s dépendants de l'agroindustrie, les réduisant à l'état de simples fournisseurs des filières agroalimentaires, sous-rémunérés.

Cette alliance a orienté le débat sur le seuil de revente à perte au niveau du distributeur et l'encadrement des promotions mais a occulté la question de répartition de la valeur dans les filières et de couverture des coûts de production (rémunération du travail incluse) pour les paysan.ne.s. Nous portions de notre côté une interdiction d'acheter nos produits agricoles en-dessous du prix de revient.        

La FNSEA* défend les producteurs de lait …    

La FNSEA* s'est accommodée à merveille de la fin des quotas et n'a jamais été fervente de la régulation, pourtant levier majeur pour la rémunération paysanne. Le Copa*-Cogeca* dont elle fait partie, a ainsi voté la fin des quotas et continue de prôner une vision libérale des marchés. Ses responsables se sont réjouis à maintes reprises des opportunités qui se présenteraient grâce à la fin des quotas. Résultat: la crise laitière 2015-2016, consécutive à la fin des outils de régulation, a fait énormément de dégâts et a mis dans le rouge de nombreuses fermes.

Elle ne remet pas en cause la tendance inéluctable à l'agrandissement et à la concentration des fermes, occultant ainsi les enjeux d'emploi paysan et de réponse aux attentes sociétales (pâturage, lien au sol, etc.). La FNSEA* est un syndicat dont cela ne dérange pas de contribuer à l'éviction progressive de ses mandants. Comme si un syndicat de salarié.e.s actait, sans piper mot, tous les plans de licenciement successifs imposés par la recherche de profits des actionnaires de leur entreprise et le soi-disant marché.

La FNSEA* en guerre avec la Fédération de Chasse par rapport aux dégâts de gibier

Pas exactement, il y a peu de temps, c'étaient les meilleurs amis du monde.

La FNSEA* a signé un accord avec la FNC* (fédération nationale des chasseurs) qui a relevé le seuil d'indemnisation, ce qui a engendré des remboursements moindres pour les paysan.ne.s alors que les dégâts de gibiers ne font que croître sur le terrain.          

La FNSEA* a manifesté pour s'opposer à l'importation l'huile de  palme

C'est pour mieux  défendre la rente du colza dont les 2/3 de la surface   française servent à produire du biodiesel grâce à des aides publiques. Le groupe Avril (anciennement  Sofiproteol, dirigé par Xavier Beulin jusqu'en 2017) est le principal producteur d'agrocarburants à base de colza.

La FNSEA* se désole des conséquences de la sécheresse pour les paysans                    

Mais elle pousse pour faire pousser des méthaniseurs géants partout en France, souvent consommateurs de Maïs. Cela participe à faire exploser le prix du fourrage et à développer des fermes-usines où le lait et la viande ne sont que des sous-produits de l'énergie.

La FNSEA* détourne également des opérations fourrage en faveur de ses seuls adhérents, plutôt qu'agir pour l'ensemble des paysan.ne.s.

La fnsea est contre les ALE, alors que  tant qu'on signe pour exporter ça ne les dérangeait pas               

La FNSEA* a une vision libérale des échanges: protectionniste quand ça l'arrange, offensive quand ça l'arrange. Cependant, cela ne la dérange pas de faire jouer les filières agricoles l'une contre l'autre (vin/lait contre viandes). Lors des négociations pour le CETA, accord de libre-échange avec le Canada, elle s'est positionnée en faveur comme elle l'a fait au début des négociations avec les Etats-Unis (TAFTA). La FNSEA* a des liens avec le think tank Farm Europe qui milite pour la libéralisation des échanges et porte les intérêts des accords de libre-échange, notamment avec les Etats-Unis d'Amérique et le Canada

Face à la mobilisation des éleveurs, notamment de viande bovine, elle a désormais changé son fusil d'épaule et adapté son discours en s'opposant notamment à l'accord de libre-échange avec le MercoSur. Mais, dans les salons ministériels, on a connu la FNSEA* plus véhémente sur ses revendications. Les accords avec le Maroc, le Japon, le Mexique ne la dérangent pas par contre. Cette incohérence donne libre champ aux instances européennes et nationales de poursuivre une libéralisation, sans règles ni harmonisation.

La FNSEA* pour le renouvellement des générations : Vivéa se désengage des formations Emergence   

Avec 13 sièges sur 15 au conseil d'administration de Vivea*, la FNSEA*-JA* a décidé de supprimer le dispositif de formation à  l'émergence de projet. Ce dispositif permettait d'accompagner  les porteurs de projet dits "hors cadre familial" vers des        installations solides et pérennes. Cette décision a été prise  alors même que certaines délégations locales de Vivea*, pourtant  présidée par des FDSEA* et JA*, s'y opposaient. Cette mesure viendra aggraver la situation des nombreux agriculteurs qui        approchent de la retraite, en les privant de nombreux repreneurs potentiels.

La FNSEA* et la politique sanitaire  (FCO*, Biosécurité) qui industrialise et favorise la   disparition des paysans et des savoir-faire alors qu'ils   se placent en n'opposant pas les modèles

Elle ne défend jamais les producteurs en plein air ou en circuits courts face au rouleau compresseur des normes biosécurité qui sont pensées pour l'élevage en filière longue. Au contraire à chaque occasion ils sont responsables des problèmes sanitaires que génèrent l'agriculture et l'élevage intensifs.

Elle ne défend jamais les paysans qui souhaitent adopter des soins alternatifs dans le but notamment de réduire l'utilisation des antibios et des pesticides. La seule chose qui préoccupe la FNSEA* c'est de conserver le statut indemne, pour exporter. Quitte à sacrifier les paysans et paysannes qui souhaitent vendre en direct des produits fermiers de qualité et laisser à la merci de marchés ceux qui vendent à l'export.

Pour la FNSEA*, ce qui compte ce n'est pas que les animaux ne soient pas malades, que les éleveurs aient un revenu acceptable, mais c'est de vacciner, de désinsectiser pour pouvoir "garder les marchés à l'export". Mais cette politique est fragile et en fin de compte rend les éleveurs dépendants des aléas économiques et sanitaires, mais aussi des intermédiaires qui font des profits sur leur dos.        

La FNSEA* défend la protection de l'environnement, le bio

Mais pourtant, Christiane Lambert  s'oppose fermement aux aides au maintien et à la conversion à l'agriculture biologique.         

 La FNSEA* s'offusque officiellement des  retards de paiements des aides bio. Mais après avoir applaudi   la fin des aides au maintien, la présidente Christiane  Lambert a demandé à deux reprises au ministre de l'Agriculture que les aides à la conversion bio soient  diminuées de 5 à 3 ans. La première fois, à une conférence à l'OCDE le 19 décembre 2017, la seconde au Conseil Supérieur d'Orientation au ministère de l'agriculture le 2 mai 2018. C'est donc un double discours grossier que porte la FNSEA* sur l'AB : communiquer sur sa défense, et la combattre au Ministère. Passer la période électorale et à l'approche de  la nouvelle PAC*, il est clair que la pression pour supprimer les aides à la conversion va ressurgir.

La FNSEA* s'engage pour moins de  pesticides avec son contrat de solutions.

La FNSEA* s'engage surtout pour plus de dépendance des paysan.ne.s aux acteurs de l'agro-industrie en  proposant des solutions liées à l'industrie des pesticides (biocontrôle comme substances chimiques), du numérique et de l'agro-équipement. Rien sur l'autonomie. Elle s'engage aussi toujours pour défendre le maintien d'une AMM* coûte que coûte. Enfin, pourquoi un contrat de solutions alors qu'elle défend  qu'un produit qui a bénéficié d'une AMM*, c'est-à-dire qui est légal, ne pose pas de problème sanitaire ?

La FNSEA* souhaite exclure les fermes diversifiées et les petites fermes des aides PAC*

La FNB*, association spécialisée de la FNSEA*, a milité pour un plancher d'aide à la vache allaitante à 30 vaches allaitantes (excluant la moitié des éleveurs), avec une demande d'exclusion des races mixtes. Grâce à la Conf', ce plancher a été abaissé à 10 vaches allaitantes puis à 3 vaches allaitantes + 10 UGB* sur la ferme, et les races mixtes sont éligibles. Il est loin le discours qui dit défendre la diversité des modèles sans exception.       

La FNSEA* défend l'export de produits de masse

Alors que la Confédération paysanne défend le respect des paysanneries du Sud, en s'opposant par exemple aux restitutions à l'exportation, et met en garde contre le leurre de l'export de masse qui plonge les paysan.ne.s dans une course aux prix bas, appelée compétitivité par la FNSEA*, la FNSEA* encourage cette voie sans issue. Cette stratégie export est incompatible avec des prix stables, sécurisés et rémunérateurs. Elle engendre volatilité des cours, dépendance aux aléas diplomatiques et climatiques de par le monde. Nous défendons la recherche de débouchés rémunérateurs, porteurs de valeur ajoutée, y compris à l'export. Mais, cela ne peut rester que sur des volumes modérés car liés à des productions de qualité et territorialisées (limitation de rendements: exemples du vin et du Comté).

La FNSEA* a des parts dans Sopexa, entreprise de communication et de marketing à l'export pour l'agroalimentaire français. Toutes les campagnes de promotion financées par les interprofessions, les groupements de producteurs financent Sopexa dont les dividendes retournent notamment à la FNSEA*. Difficile alors d'être objectif lorsqu'il faut appeler à l'export quand on y a intérêt. On comprend mieux leur empressement à faire tourner la machine à cash de l'export.

La FNSEA* parle de retraites et prestations sociales alors qu'elle demande en permanence la baisse des charges sociales

En pleine crise de l'élevage, la FNSEA* a obtenu du plan de crise Valls un abaissement des cotisations sociales. Or, cette mesure servait davantage aux fermes dégageant du revenu que les fermes en crise. Cette hypocrisie leur permet de faire avancer des revendications sans lien avec les demandes du terrain, protégeant uniquement des grandes fermes pilotées par des agromanagers

En outre, la FNSEA* fustige en permanence les « charges sociales » mais quand ces cotisations sociales, indispensables pour notre modèle social à parité avec les autres catégories socioprofessionnelles, servent au financement de leur structure, on entend moins leur opposition. C'est le cas de la cotisation PROVEA, prélevée sur les saisonniers agricoles.

La FNSEA* critique le manque d'accompagnement des paysan.ne.s

Mais ça fait quarante ans qu'elle gère la quasi-totalité des Chambres d'Agriculture, qu'elle pilote Crédit Agricole et Groupama, qu'elle noyaute les coopératives de sa vision libérale et individualiste, à l'opposé de la solidarité et du lien au territoire des fondamentaux de la coopération. Ca fait des années qu'elle engrange de l'argent par des montages divers et variés, comme par exemple via la COnfédération Nationale de l'Elevage. Quels résultats concrets pour les paysan.ne.s ? La disparition de centaines de milliers d'entre eux. Bon courage pour défendre un tel bilan. Leur principale force reste leur capacité à défendre un bilan aussi calamiteux à celles et ceux qui restent, et pensent toujours s'en sortir mieux que leur voisin.

La FNSEA* est pour la préservation des terres agricoles

Mais elle rentre dans une logique de compensations, quand il s'agit d'indemniser filières agroalimentaires ou autre.

La FNSEA* parle de régulation foncière

Alors qu'elle cautionne par son inaction les montages sociétaires en cours actuellement, permettant d'échapper au contrôle des structures. Elle ne se dit pas choquer outre-mesure par le montage de la ferme-usine des 1000 vaches.

Alors qu'elle magouille au niveau de la SAFER, privilégiant copinage, agrandissement au détriment de l'installation, la consolidation des petites et moyennes structures et de la diversité des fermes.

La FNSEA* dit défendre les agriculteurs actifs

Mais sa définition du statut de l'actif est-elle celle souhaitée par le terrain ? La FNSEA* dit en effet " Détenir le capital et Assurer la direction de la ferme suffit,  il n'est pas nécessaire de faire les travaux agricoles". Pas sûr que les FDSEA* soient d'accord partout avec cette porte grande ouverte aux managers capitalistes, bien loin de paysan.ne.s.

La FNSEA* parle des biotechnologies comme des outils pour les paysan.ne.s

La FNSEA* a toujours été pro-OGM. Pour la FNSEA* l'appropriation des semences, des animaux et des microorganismes par les brevets des multinationales ne sont pas un problème (ça sert à rémunérer l'innovation !), la contamination de l'environnement et de la biodiversité par les OGM, les problèmes sanitaires et économiques qu'ils induisent sont secondaires face aux profits des multinationales.

Pour la FNSEA* les paysans ne sont que des consommateurs de semences à la merci des multinationales semencières. Chaque année les agriculteurs doivent acheter le pack semences - intrants. S'ils ne le souhaitent pas ils risquent de se faire contaminer par des plantes génétiquement modifiées ou poursuivis pour contrefaçon. La FNSEA* n'a jamais défendu le droit des paysans à resemer une partie de leur récolte ou le droit des paysans à sélectionner leurs semences. Ce système à bout de souffle ne permet pas le développement de variétés qui permettraient la transition des systèmes agricoles.

La FNSEA* dit vouloir donner des solutions aux paysan.ne.s face aux injonctions environnementales et sociétales

Mais on ne l'a jamais vu défendre l'usage des PNPP* et leur autorisation. On ne l'a jamais vu monter au créneau sur l'usage des plantes en santé animale, alternatives aux antibiotiques.

Mais on ne l'a jamais vu mettre en place des mécanismes pour freiner la baisse du pâturage. on ne l'a jamais vu critiques les phénomènes d'industrialisation qui dépossèdent les paysan.ne.s du sens même de leur travail.

La FNSEA* dit défendre les producteurs fermiers

Mais elle met des bâtons dans les roues à la structuration de la production laitière fermière (ANPLF). Comme pour les autres filières, elle veut sa chasse gardée sur le sujet.

Elle n'hésite pas à approuver des affaiblissements du terme "fermier", qui ouvrent la porte à l'accaparement de la valeur ajoutée par d'autres acteurs que des paysan.ne.s et à la méfiance des consommateurs.

Mais elle s'approprie des avancées sur le sujet qui ne sont pas les siennes. (tolérance Listeria sur le beurre, etc.)

La FNSEA* dit défendre les démarches AOC*

Mais elle pousse toujours à des critères moins-disants et à un affaiblissement du lien au territoire au sein des différents ODG lors de l'évolution du cahier des charges correspondant. Or, la réussite de ces démarches qualité repose sur de la régulation des marchés, un cahier des charges strict et ambitieux sur la production, un lien fort au territoire et une répartition équitable de la valeur.

 

 

 

 

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