VICTOIRE : L'interprofession renonce à imposer des normes aberrantes aux producteurs d'abricots en vente directe
Pour une fois, ils ne pouvaient pas accuser l'Europe ! En mai dernier, la Confédération paysanne avait alerté la presse sur le démarrage prochain de contrôles d'Interfel (l'interprofession des fruits et légumes) sur les abricots vendus sur les marchés et dans les magasins de producteurs (voir ci-dessous). Il s'agissait d'imposer à la vente directe d'abricots les règles de calibrage (homogénéité de calibre) et d'emballage (empaquetage des abricots-confiture dans des unités fermées de minimum 2 kg) en vigueur pour les filières longues. Ces obligations, qui ont un intérêt en circuit long mais pas en vente directe, ne sont le fait ni du législateur français, encore moins de la Commission européenne, mais bien de l'interprofession.
Suite à l'action médiatique de la Confédération paysanne (et à un travail institutionnel un peu pénible !), le conseil d'administration d'Interfel a décidé le 25 septembre de ne pas renouveler cette norme - et donc de ne pas la contrôler sur les marchés. Le calibrage des abricots et le conditionnement des abricots-confiture ne seront donc pas obligatoires pour la campagne 2020.
Communiqué du 14 mai 2019
Ce vote s'est fait avec la bénédiction des autres syndicats agricoles, pourtant prompts à dénoncer le « poids des normes », notamment lors de la dernière campagne aux élections chambres d'agriculture. Ces obligations, qui ont un intérêt en circuit long mais pas en vente directe, ne sont le fait ni du législateur français, encore moins de la Commission européenne, mais bien de l'interprofession.
Ces dispositions constituent une attaque contre la vente directe, véritable îlot de survie pour de nombreux producteurs qui tentent d'échapper au marasme des circuits longs. Elles vont en effet entraîner une augmentation du temps de travail et des investissements supplémentaires inutiles.
Cette décision a aussi été rendue possible par l'incapacité des pouvoirs publics à prendre des mesures qui améliorent réellement le revenu des paysan-ne-s. En effet, le gouvernement s'est contenté d'augmenter la part d'activité non agricole, dont notamment l'achat-revente de fruits et légumes, dans l'activité autorisée des paysan-ne-s.
Les détaillants trouvent ainsi, grâce à cette décision d'Interfel, l'occasion de voir contenter leur demande d'étendre cette norme à la la vente directe. Après l'abricot, faut-il craindre de nouvelles attaques contre les producteurs de fruits et légumes ?