Malaise agricole : Par ici la sortie de crise !

La colère partie du sud-ouest est en train de se propager dans la Drôme, avec un blocage de l'A7 entre Tain et Chanas... Le malaise agricole est palpable alors que l'association Solidarité Paysans n'a jamais fait face à autant d'accompagnements.
Le malaise est d'autant plus fort que les agricultrices et agriculteurs ont le sentiment de se faire berner depuis des dizaines d'année, victimes des politiques économiques ultralibérales menées par l'État et l'Union Européenne, en cogestion avec la FNSEA* au niveau national et le COPA-COGECA au niveau européen. Et ils ont raison !
Les accords de libre-échange se multiplient depuis des dizaines d'année, entraînant une mise en concurrence intenable avec des pays qui n'ont ni les même salaires, ni les même normes que nous. Mais à la Confédération paysanne, plutôt que de vouloir autoriser des produits dangereux pour notre santé ainsi que celle des consommateurs, ou de vouloir payer nos salariés au prix des ouvriers marocains, nous voulons sortir de cette crise systémique par le haut ! Ce n'est pas une crise, c'est un système. C'est le libre-échange qui place dans une concurrence intenable et néfaste les agricultures du monde entier.
Nous demandons solennellement au Président de la République Emmanuel Macron deux mesures concrètes et immédiates :
-
l'arrêt définitif des négociations de l'accord de libre-échange UE*-Mercosur*, un moratoire sur tous les autres accords commerciaux en négociation et un réexamen de tous les accords en vigueur, concernant la concurrence déloyale engendrée par cette politique de libre-échange, y compris au sein de l'Union Européenne.
-
Une loi interdisant strictement l'achat de nos produits agricoles en-dessous de leur prix de revient. La loi espagnole sur les chaînes alimentaires est ainsi un exemple possible d'instauration de prix planchers.
Alors que la grogne s'accentue sur les territoires, nous mettons en garde contre deux mirages proposés au monde paysan par le gouvernement et d'autres syndicats agricoles, mirages qui servent à cacher les réelles causes de cette situation :
-
Le mirage d'une "suppression des normes" qui résoudrait tous les problèmes. La réelle problématique est notre revenu paysan, pas l'existence de normes. Même si de nombreuses normes sont en effet pénibles, idiotes, inefficaces, supprimer toutes les normes s'inscrit dans la logique de compétitivité prônée par la FNSEA*, celle-là même qui sert par la suite à justifier la poursuite du libre-échange et la mise en concurrence des paysans du monde entier. Nous sommes les premières victimes du dérèglement climatique, nous devons donc arrêter de faire l'autruche et nous réapproprier les questions environnementales.
-
Le mirage d'un revenu complémentaire issu de la production d'énergies. La FNSEA* négocie sans cesse pour récupérer des avantages sur les agrocarburants, la méthanisation et l'agrivoltaïsme - bien plus rente foncière que complément de revenu. Nous refusons d'abandonner le combat pour un revenu digne, issu de notre activité agricole elle-même. Les effets pervers du développement de ces énergies sur les terres agricoles sont innombrables.
Nous tenons également à mettre en garde contre l'extrême-droite qui instrumentalise les difficultés des agricultrices et agriculteurs. Rappelons simplement qu'en novembre 2023, la majorité du groupe parlementaire d'extrême droite au Parlement Européen a voté pour l'accord de libre-échange entre l'UE* et la Nouvelle-Zélande.
Pour finir, nous avons appris que le Préfet de la Drôme a reçu les syndicats agricoles FDSEA* et JA*. En tant que syndicat agricole représentatif, nous trouvons anormal de ne pas être reçus de la même manière par le représentant de l'État.
L'heure est à un grand changement de direction !
Pas de pays sans paysannes et paysans, nombreux et rémunérés !
Contacts :
Vincent PALTERA, porte-parole de la Confédération paysanne de la Drôme : 06 70 44 28 68
David MILLET, co-trésorier de la Confédération paysanne de la Drôme : 07 80 33 97 84