Prédation à Crest : Stop aux jugements à l’emporte pièce !
Nous tenons à apporter notre solidarité à cet éleveur qui a subi trois attaques sur la commune de Crest début février. Être confronté à une attaque de loup est loin de se résumer à "un pied de nez" !
Nous souhaitons rappeler que si protéger les troupeaux était une solution miracle et facile à mettre en œuvre, les éleveuses et les éleveurs n'exprimeraient pas autant leurs difficultés à faire face aux loups. Il est inadmissible que les paysannes et les paysans qui font vivre les territoires ruraux en pratiquant l'élevage de plein air et répondant aux attentes sociétales, soient à chaque fois, ainsi, pointés du doigt. L'abattage d'un loup en situation de prédation dans un secteur où la pression est forte depuis ces derniers mois ne devrait pas donner lieu à des polémiques, il s'agit simplement de stopper une série d'attaques ayant fait une hécatombe sur un troupeau tout en ne mettant pas en danger une population de loups en augmentation en France. Les indemnisations ne couvriront jamais les dégâts sociaux de la prédation. Distribuer de l'argent ne résout pas tout. L'État doit permettre aux éleveurs et bergers de pratiquer leur métier dignement.
Il nous semble que de l'empathie et du respect envers les éleveurs et les éleveuses victimes de la prédation seraient plus justes plutôt que de la moquerie ou un jugement sur la qualité de leur travail. De la compréhension nous semblerait une réponse plus constructive face à ce choix de société qu'est la protection de l'espèce lupine et avec lequel, nous le rappelons également, les éleveuses et les éleveurs ont déjà adapté leurs pratiques depuis 30 ans. Il est donc temps que les jugements faciles cessent !
Sur des petits troupeaux, il n'est pas si aisé de déployer une protection efficace. Il est important que l'État mette en place un accompagnement technique plus ciblé et garde une complète transparence dans les dispositifs réglementaires employés (tirs de défenses simples, tirs de défense renforcés, prélèvement) garantissant les mêmes droits pour toutes et tous.
La Confédération paysanne de la Drôme demande plus de moyens pour accompagner les paysannes et les paysans au cas par cas afin de pouvoir adapter une protection la plus efficace possible pour chacune et chacun. Les loups étant présents en plaine comme en montagne, nous demandons à l'État, d'inclure à la formation initiale des futur·e·s éleveuses et éleveurs, l'enseignement de la mise en place des mesures de protection (chiens de protection, clôtures, gardiennage, étude de vulnérabilité, suivi technique des élevages) et de mieux informer les citoyennes et les citoyens de la réalité des territoires sur la présence du loup et de ce que cela implique aussi pour eux.
Nous demandons :
- Le financement à 100 % des moyens de protection par l'État ;
- La création de brigades mobiles d'intervention dans l'ensemble des départements concernés par des foyers d'attaque ;
- La création d'un statut juridique du chien de protection pour sécuriser les pratiques des éleveurs·euses et bergers·ères ;
- La mise en place de formations du Réseau Loup Lynx sur l'ensemble des départements à destination des éleveurs et bergers ;
- Une information à destination du grand public sur les risques liés aux chiens de protection ;
- Le retrait des loups des espèces strictement protégées dans la convention de Berne et la Directive Habitat ;
- Que les prélèvements de loups soient effectués en fonction des dégâts aux troupeaux et pas dans un cadre de gestion de l'espèce. L'objectif central des prélèvements doit être la baisse de la prédation et non un tableau de chasse ;
- Que les prélèvements par tirs ou piégeage soient ciblés et réalisés avant tout par les services de l'État dans toutes les zones d'élevage y compris les cœurs de Parcs Nationaux.
Contacts :
-Annabelle WURBEL, éleveuse, représentant la Confédération paysanne au Groupe Départemental Loup : 06 82 42 86 39
-Christine RIBA, co-porte-parole de la Confédération paysanne de la Drôme : 06 07 02 25 42
-Vincent PALTERA, co-porte-parole de la Confédération paysanne de la Drôme : 06 70 44 28 68
-Anaïs HAMMEL, animatrice : 06 56 68 88 17